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CONSONANCE AMP150 Une place à l’Opéra
De retour en France, Consonance est bien connu pour ses amplificateurs à tube et ses sources qualitatives d’un budget accessible. C’est le cas pour ce nouveau modèle à l’essai, cette fois un intégré tout-en-un à transistor, fortement polarisé en classe A. D’une puissance de 105 W, il reprend des solutions techniques classiques et éprouvées, mais surtout musicalement supérieures.
La marque chinoise Consonance n’est pas la première venue, car elle possède une solide expérience en matière de platines analogiques (Opera a été le premier fabricant de platines en Chine), phonos, lecteurs CD, amplificateurs intégrés à tube et à transistor, préamplis, DAC et autres streamers. Elle a été créée en 1994 par M. Liu, ingénieur en mécanique optique mais dont la véritable passion est la musique, en particulier l’opéra, d’où le nom de l’entreprise. Il conçoit toujours lui-même ses créations avec son équipe sous le nom de Consonance, y compris le superbe bras de lecture tangentiel LT1-S. La marque compte aujourd’hui 55 employés, fabriquant des produits distribués dans plus de 30 pays. L’AMP150 incarne au premier coup d’œil la philosophie de Consonance, faite de simplicité et de sobriété, sans esbroufe, mais dont tout le savoir est concentré à l’intérieur au service du résultat final.
TROIS EN UN
Malgré son look d’amplificateur intégré, l’AMP150 est aussi un DAC et un streamer compatible UPnP/DLNA qui, une fois relié au réseau en RJ45, et grâce à sa liaison Wi-Fi, se pilote grâce à un smartphone ou une tablette depuis sa page Internet opera.local/. Elle donne accès à une interface simple mais suffisante pour le contrôle et l’accès aux réglages nécessaires, comme activer Bluetooth, gérer les fonctionnalités et profiter des sources musicales. L’AMP150 est aussi Roon Ready, disposant des fonctions Qobuz Connect, Tidal Connect et Spotify Connect, pour naviguer directement depuis le site du fournisseur en streaming. Il prend en charge les formats de fichiers audio DSD, DSF, DIFF et PCM FLAC, ALAC, WAV, AIFF, MP3 ou AAC. Les taux d’échantillonnage et profondeurs de bits audio assurés par l’excellent DAC sont de 44,1 kHz - 384 kHz en 16/32 bits (PCM), et 2,8 MHz–11,2 MHz en DSD 1 bit stéréo. À l’arrière se trouvent la prise Ethernet, une entrée numérique coaxiale S/PDIF et pas moins de quatre prises USB-A pour la lecture de disques USB. L’AMP150 ne dispose pas de liaison USB-Audio, mais sa connexion en réseau lui permet de se relier à un PC/Mac. En plus de ses entrées numériques, il offre 2 entrées analogiques asymétriques et 2 symétriques XLR, ce qui en fait un véritable intégré. Il ne manque qu’une entrée phono, mais la marque en propose pas moins de 4, dont le PH3S complètement assorti à l’AMP150, car rappelons que Consonance est aussi un grand spécialiste de
FICHE TECHNIQUE
À droite de la face arrière se trouvent la borne Wi-Fi, une entrée numérique S/PDIF, 4 prises USB-A et le RJ45 Ethernet. Les 2 entrées ligne asymétriques RCA sont doublées par 2 symétriques XLR.
ECOUTE
Timbres : Il est clair que M. Liu est un grand amateur de musique classique. D’ailleurs, il organise régulièrement pour ses meilleurs clients des soirées dîner-concert avec des musiciens de renom, suivies de discussions autour de la musique. Pas étonnant alors que l’AMP150 soit en terrain de connaissance, offrant un suivi mélodique et une qualité de timbre supérieure à la moyenne. Il le fait avec délicatesse, souplesse et matière, toujours prompt à valoriser l’humanité de l’interprétation, dans une homogénéité remarquable, se gardant de rechercher les effets ou d'accentuer un aspect au détriment d’un autre. Il va droit au but, mais sans simplification, avec des bases solides, dont un grave et surtout un extrême grave impressionnants. Ils donnent à l’orgue, par exemple, toute sa crédibilité, sa dimension et sa majesté, comme sur le superbe enregistrement à deux micros de l’organiste Michael Radulescu à l’église de Porrentruy, réalisé par le label suisse JC Gaberel.
En plus de cette assise imposante, l’AMP150 délivre ce liant qui vous séduit et vous captive, une palette harmonique riche et expressive, qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler les meilleures électroniques anglaises ou américaines à tube, préférant une expression musicale opulente.
Dynamique :
Le Consonance sait aussi être enjoué, comme sur le célèbre «Give Me the Night» de George Benson, à la fois bien balancé, démêlant sans confusion les orchestrations luxuriantes, tout en restant fidèle à la sensualité de la voix de l’artiste, également brillant guitariste. Même sur ce genre d’enregistrement foisonnant, l’AMP150 se garde bien d’y introduire la moindre agressivité, sans sacrifier le sens du détail, passant d’ailleurs tout genre musical avec aisance. On appréciera ses facultés à rendre crédible la masse orchestrale d’un grand ensemble symphonique, sans amoindrir sa dimension réaliste, en cela bien aidé par la réserve de puissance disponible en permanence.
Sur des arrangements plus électroniques, comme sur l’album An Ancient Muse de Loreena Mc Kennitt, l’intensité expressive est superbe, même envoûtante par ses contrastes bien rendus. Ce n’est pas donné à d’autres électroniques moins puissantes, surtout sur des enceintes exigeantes. Le Consonance est paré pour toute association, sans crainte de défaillir, grâce aussi à son facteur d’amortissement élevé.
Scène sonore :
Corollaire de cette magistrale ampleur, la crédibilité de l’espace sonore n’en est que plus convaincante. Sur le premier opéra Apollo et Hyacinthus de Mozart (composé à 11 ans!) par le Classical Opera dirigé par Ian Page, la scène s’installe grandeur nature, où chaque chanteur se positionne aisément, chacun prenant sa place en largeur et en profondeur. Puis éclate l’orage, tonitruant! On sursaute, mais l’élégance et la distinction mozartienne s’installent à nouveau, comme le timbre charnu de la soprano Klara Ek, entourée de ténors et contre-ténors talentueux. Le Consonance enlève cet opéra avec maestria, respectant le timbre des instruments d’époque sans les appauvrir, avec toujours beaucoup d’ouverture spatiale. Mais surtout, il ne se prête pas à la découpe en rondelle des caractéristiques sonores, car on retient surtout l’équilibre bien ajusté entre tous les critères musicaux, en toute homogénéité, pour une écoute à la fois déstressée et riche en saveurs.
Rapport qualité/prix :
C’est sur ce paramètre que Consonance frappe fort et se rappelle au bon souvenir de tous. L’AMP150 se compare musicalement sans problème à des appareils beaucoup plus chers et réputés sur le marché, mais dont le nom ne fait pas tout. L’expérience de la marque chinoise parle, en proposant juste ce qu’il faut, au meilleur prix, dont un excellent DAC, comme on a pu le constater en y reliant notre Icos, et une puissance confortable qui assure. À la rigueur, une entrée phono aurait été bienvenue, mais vu la qualité de l’AMP150, autant qu’elle soit à la hauteur, dans son propre châssis séparé.
VERDICT
À première vue, rien de bien révolutionnaire dans ce nouvel AMP150, qui rassure par son apparence cossue, presque vintage grâce à ses indicateurs de puissance rehaussant l’esthétique. Son charme opère surtout à l’écoute, révélant tout l’amour du concepteur pour l’opéra européen. C’est un véritable serviteur des interprétations, qu’elles soient classiques ou plus modernes, grâce à un grave puissant et nuancé, complété d’un médium/aigu très humanisé. La partie lecteur réseau s’avère fonctionnelle et suffisante, bien soutenue par un très bon DAC, à la hauteur de l’amplification analogique. En route pour la musique vivante!
