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L’air de famille
Bryston d'une sobriété classique est évident, mais le BDA-3.14 fait quelques petites économies comme la suppression de l’écran pour favoriser nettement son rapport qualité/prix.
Double impact
Dans le domaine numérique, Bryston propose son excellent DAC BDA-3 (HF 237) et le streamer BDP-3 (HF 241), tout aussi musical. Pourquoi ne pas réunir les deux dans un seul boîtier en fusionnant les plateformes à un prix nettement plus abordable? Une nouveauté pour Bryston dans cet exercice, qui pour 4200 euros aligne son BDA-3.14, digne de ses musicaux prédécesseurs.
BRYSTON BDA-3.14
Non content de démontrer son savoir-faire dans l’amplification, Bryston est aussi un expert en traitement numérique, comme constaté à chaque banc d’essai. Cette fois, le bon positionnement tarifaire a exigé quelques économies, comme l’absence d’écran ou la suppression de l’emplacement d’un DD pour en faire un serveur, comme sur le BDP-3. Mais les gènes sont bien là, dont les solutions techniques qualitatives venues de l’expérience Pro. Le BDA-3.14 offre quatre liaisons audio HDMI pouvant traiter un signal SACD et une sortie HDMI pour y relier un écran vidéo ou un processeur surround. Au menu : liaison interne au protocole I2S, bit-perfect, Roon Ready, Tidal et Qobuz, radios internet, haute résolution PCM et DSD, dix entrées numériques en plus du streaming, étage de sortie en classe A.
SOFTWARE PROPRIETAIRE
La présentation est on ne peut plus sobre et classique pour ce type d’appareils affichant souvent de grands écrans colorés. Sur la façade aluminium large de 17 pouces pour seulement 8,5 cm de haut, chaque touche à impulsion correspond à une fonction, validée par une diode. Les fréquences d’échantillonnages jouées en PCM et DSD sont aussi affichées par des LED (vert et orange pour le DSD natif). La rangée de dix LED des entrées peut même visualiser l’échelle de volume numérique si celui-ci est variable. Le logiciel nouvellement mis à jour fournit un contrôle total sur le système grâce à son tableau de bord, comme la commutation des entrées pour accéder à d’autres sources numériques ou à un NAS relié au réseau local, et même l’ajustement du volume pour utiliser le BDA-3.14 sans préamplificateur. À noter que par sécurité à la mise en marche, le volume est atténué par défaut de -60 dB; pour une utilisation avec un préampli, il faut modifier dans le software le niveau à 0 dB. Ici apparaît la singularité du BDA-3.14 qui, relié en Ethernet, pilote toutes ses fonctions y compris la lecture à partir de sa page web http://my.bryston.com, que ce soit d’un smartphone, d’une tablette ou d’un ordi portable. Le Media Player est identique à celui du streamer BDP-3, avec ses trois fenêtres distinctes, où l’on a accès à toutes les sources numériques et leur lecture, ainsi qu’au fournisseur de musique choisi, le Bryston étant un point de terminaison de l’incontournable Roon. Il est facile de constituer des playlists venant de toutes les sources, y compris des quatre prises USB recevant du stockage, et de les intégrer à la librairie musicale. L’application maison est performante et bien pensée, dans une philosophie propriétaire ouverte sur l’avenir. À noter qu’une deuxième prise Ethernet SVC permet d’accéder à une page WebUI (Web User Interface), où il est possible de régler certains paramètres, comme le renommage des entrées ou l’ajustement du volume.
CONVERSION DE COURSE
Le point fort du BSP-3.14 est aussi de reprendre les avancées techniques du DAC haut de gamme BDA-3, où la conversion est effectuée par deux puces AKM 4490 32 bits montées en mode différentiel afin d’augmenter le rapport signal/bruit et de réduire nettement la diaphonie. La lutte contre le jitter est assurée par une resynchronisation des signaux d’horloge de toutes les données entrantes, avec ceux de l’horloge maître interne, de très haute précision. Les formats PCM et DSD sont gérés par des circuits distincts, aucune conversion DSD vers PCM interne n’est effectuée avant le flux de données arrivant au DAC. Toutefois, un suréchantillonnage est possible par une touche en façade, mais non appliqué aux entrées USB ou HDMI. L’isolation galvanique des entrées est très soignée, pour éviter tout bruit de masse. Le signal est traité en sortie par un montage discret en classe A selon un schéma original, alors que l’alimentation est séparée pour l’analogique et le numérique. Le BDA-3.14 décode en USB les fichiers en haute résolution jusqu’à 384 kHz/24-32 bits en PCM, le DSD 64 et 256 (x 4). Le HDMI accepte jusqu’au 192 kHz/24 bits plus le DSD 64, les autres entrées numériques dont le player interne supporte le PCM en 96-192 kHz/24 bits (Toslink limité à 96 kHz). Les performances mesurées sont de premier ordre, que ce soit le niveau de bruit très bas (-140 dB) ou la distorsion harmonique et d’intermodulation quasiment non mesurables (0,0003%).
ECOUTE
Timbres : Il ne faut pas longtemps pour constater la proche parenté avec le DAC BDA-3 par l’ensemble des qualités qui sautent aux oreilles. Le BDA-3.14 offre cette densité des timbres sur une très large bande passante, de l’extrême grave extraordinairement charpenté au médium/aigu à la fois d’une grande neutralité et d’une variété incomparable. L’absence de distorsion est un atout pour faire ressortir toutes les nuances dans l’aigu, aérien sans jamais ferrailler, alors que la palette harmonique dans le médium est tout sauf monotone. Au contraire, les voix sont très charpentées et chaleureuses quand il le faut, comme celle de Sarah K dans «Hobo» (Chesky), procurant présence et relief stupéfiants. Henri Salvador dans «Chambre avec vue» n’a jamais été aussi proche et chaleureux, dans un choix de mixage nettement perceptible. Le merveilleux Getz/Gilberto de 1963 dans «Corcovado» devient un pur instant de bonheur sur le Bryston, abolissant le temps grâce à la prise de son analogique superbe de Val Valentin.
Dynamique
Le Bryston donne des leçons à tout le monde sur ce paramètre tant il est impressionnant sur les meilleurs enregistrements, particulièrement dans le grave qui est presque redécouvert comparé à la plupart des DAC. Le morceau de London Grammar que nous connaissons bien, «Hey Now» sur l’album If You Wait, est vraiment spectaculaire, par la puissance de son extrême grave, ainsi que l’énergie présente sur l’enregistrement. La définition est très poussée, les aigus montent haut avec vigueur, mais sans jamais devenir durs ou simplifiés. Au contraire, le sentiment d’évidence domine même dans les déchaînements de dynamique ou sur les plus petits murmures, parfaitement détourés grâce au recul du bruit de fond. La réputation de la marque en amplification se retrouve dans le domaine numérique, pas spécialement dans le désir d’être spectaculaire, mais celui de retranscrire la dynamique originale comme sur les moniteurs de studio.
Scène sonore
La cohérence est totale aussi dans la scène sonore d’une largeur et d’une profondeur réaliste, l’auditeur étant immergé comme rarement dans un concert, tel celui de Pat Metheny sur «Imaginary Day» en live sorti en 2001. Les lignes mélodiques électriques planent avec légèreté, les harmoniques sont riches et précises dans l’espace, leur décroissance temporelle n’est pas rabotée particulièrement dans l’aigu qui est étincelant sur les cymbales, rutilantes de vie et de présence. Le BDA-3.14 restituera toute la palette et l’énergie dans le haut sans l’adoucir mais en restant toujours vrai et réaliste, en lui donnant un volume bien palpable. L’impressionnisme n’est pas de mise, mais plutôt un réalisme juste et complexe. Sur le Pat Metheny ou le London Grammar, la sensation de relief et d’immersion est totale, la guitare électrique plane devant vous, les voix sont matérialisées avec précision, sans flou artistique, la palette sonore est d’une richesse sans cesse renouvelée. Le numérique signé Bryston est décidément d’un niveau supérieur, rappelant le meilleur de l’analogique.
Rapport qualité/prix
Un Bryston n’est jamais bon marché, mais la qualité a un prix. Ce lecteur tout-en-un est plus qu’une aubaine pour les admirateurs de la marque, et les autres, car combiner un streamer et un DAC d’un aussi haut niveau pour à peine plus de 4000 euros est rare. De plus, la télécommande BR4 est maintenant incluse. Le streaming étant passé de 7% du marché américain de la musique en 2010 à 80% en 2019, ce BDA-3.14 vous fera accéder à l’excellence en étant paré pour l’avenir.
VERDICT
Véritable hub numérique haute résolution, State of the Art dans ses exigences et ses performances musicales, le BDA-3.14 ne décevra pas les aficionados de la marque, ni les audiophiles qui cherchent la performance musicale et l’étendue des fonctions réunies en un seul appareil. Le soft de contrôle propriétaire par Web, sans doute un peu moins ergonomique visuellement que les meilleures applications dédiées, a le mérite d’être complet, upgradable et ne nécessitant pas de Wifi en lecture. Surtout, le streamer est secondé par un des meilleurs DAC disponibles à l’heure actuelle à ce tarif et même au-delà, d’une densité dans la musicalité incroyable, performant sur tous les paramètres.
