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Consonance | Cyber100 15th Anniversary
Consonance fut parmi les premières marques chinoises présentes sur le marché français, et devint populaire grâce à ses électroniques à tube excellentes et abordables. L’épopée continue grâce au Cyber100 15th Anniversary mettant en œuvre habilement les glorieuses KT88 à un prix défiant toute concurrence.
L’histoire de M. Liu commence par une start-up qui fabriqua un amplificateur à tube avec un certain succès, pour fonder ensuite Opera en 1994. Ce nouveau modèle de l’intégré Cyber100 est la réédition de celle sortie pour le 15ème anniversaire de la marque, apportant une amélioration significative aux versions successives de la série 100. Solidement construit en mariant harmonieusement métal et bois, il prouve que Consonance sait fabriquer des appareils de haute qualité : on se souvient du très bon 300B push-pull M100S. Mais c’est la vénérable tétrode à faisceau dirigé KT88/6650 qui est ici à l’honneur, avec beaucoup de savoir-faire.
Les gènes d’un amplificateur à tube
Classique d’apparence et ne contenant aucun circuit numérique, cet intégré analogique à tube en classe A dispose de 5 entrées ligne, d’une sortie Line Out fixe, de borniers d’enceintes pour impédances 4 et 8 ohms, d’une prise secteur IEC, et c’est tout ! La face avant épaisse en aluminium affiche le sélecteur d’entrée circulaire, les 5 LED visualisant l’entrée connectée, la diode IR et la commande de volume. Le capot en aluminium qui cache les transformateurs est surmonté d’un habillage en bois massif du plus bel effet, typique à Consonance, disponible en noyer, cerisier, ou tout métal laqué noir.
Un schéma musicalement valable
Le Cyber100 étale ses atouts ouvertement : 4 tubes KT88 EH Electro-Harmonix, une paire de drivers 5687, et une ECC83 en amplificateur de tension à l’entrée. S’y ajoutent deux valves de redressement 5AR4 EH à chauffage indirect 5 V (équivalent GZ34), temporisant ainsi l’arrivée de la haute tension. Le push-pull de KT88 à polarisation automatique fonctionne en mode Ultra-Linéaire, popularisé par la marque américaine Acrosound. Le principe UL inventé en 1951 par David Hafler et Herbert Keroes consiste à relier la grille écran d’une pentode ou tétrode à un enroulement intermédiaire du primaire du transformateur de sortie, selon un certain pourcentage, environ de 30 à 40 %. Le montage se rapproche ainsi des avantages d’une triode, au prix d’une puissance inférieure comparé au mode pentode.
L’étage driver/déphaseur utilise une paire de double triode NOS 5687, tube à longue durée de vie et faible résistance interne. Consonance démontre ici que les KT88/6550 bien mises en œuvre en UL présentent une linéarité étonnamment bonne, des performances stables en se rapprochant des vraies triodes en Single Ended, mais en délivrant une puissance supérieure.
Composants qualitatifs
Point crucial d’un amplificateur à tube, les transformateurs de sortie et celui d’alimentation sont surdimensionnés, bobinés à la main par Consonance, et capotés pour éviter toute vibration parasite. Chaque composant a été soigneusement choisi pour ses qualités sonores, comme les condensateurs électrolytiques de filtrage Philips Audio assurant une alimentation silencieuse, ou l’interrupteur marche/arrêt de fabrication allemande situé sur le côté gauche. Enfin, fait rarissime pour un appareil de ce budget, le Cyber100 est livré dans un beau Fly Case capitonné haut de gamme, évitant tout problème lors du transport.
Écoute
Le Cyber100 15th Anniversary a piloté avec aisance les PMC Prophecy5. En source, un Matrix Audio Element M2 relié en USB à un PC lisait des fichiers Qobuz. Le secteur était traité par un conditionneur Audioquest Niagara 3000, le tout câblé également par cette marque.
Évidence et beauté harmonique
Cette édition 15ème anniversaire ambitionne la pureté musicale (le graal pour tout constructeur) et la reproduction la plus naturelle possible, au juste prix : on peut dire que la marque chinoise a réussi son pari. Force est de constater que le Consonance coule de source avec aisance, distillant beaucoup de plaisir, sans se poser de questions existentielles ni attendre des heures pour une hypothétique amélioration. Il possède une immédiateté et une séduction propre aux électroniques à tube, mais non maquillée par une tendance tubesque chaleureuse trop caricaturale.
L’écoute est pleine de générosité, apte à nous offrir une délicatesse des timbres surprenante, bien souvent inhérente aux appareils à tube. Le Stabat Mater de Vivaldi dirigé par Pierlot surprend favorablement par sa magnifique richesse harmonique, même stupéfiante vu la gamme de l’appareil ; la voix du contre-ténor Carlos Mena demeure juste tout en suscitant l’émotion. À noter que le redressement par valve est bénéfique par l’absence de pic de commutation provoqué par les diodes solides (plus économiques), ce qui évite les pointes d’agressivité. Les transformateurs de sortie, par leur excellence, font toujours face à la modulation sans distordre, même sur d’importants écarts dynamiques. En résumé, le Cyber100 reste à l’aise en toute circonstance.
Aplomb et espace sonore grandiose
L’image sonore qui se déploie a de quoi éblouir par sa profondeur et sa largeur qui installent une scène cohérente, mais aussi un sens de la localisation qui bannit le flou artistique, parfois présent sur des push-pull au déphaseur imprécis. Apanage de certains grands amplis à tube d’antan, il marie des qualités contradictoires qui associent à la fois une présence réaliste et une localisation stable des musiciens, sans bouger d’un millimètre selon le niveau.
Ceci est en outre combiné à des facultés dynamiques superbes, que l’on ressent sur le complexe Rainbow Children de Prince, qui ne vire pas ici à la confusion générale, bien au contraire. Lisibilité optimale, attaques vives sans traînage, grave bien présent, ferme et pêchu, sans que le Cyber100 ne se départisse de son côté soyeux dans le médium/aigu, facilitant les passages parfois violents de cet album. Il est aussi plaisant de constater que le Consonance se délecte de tous les genres musicaux : d’un Eric Bibb humain et généreux sur In the Real World, en passant par la voix pure de Sinéad O’Connor sur Nothing Compare 2 U. Un piano de concert majestueux ou une œuvre orchestrale complexe ne seront également qu’une formalité pour le Cyber100, qui laisse s’exprimer au mieux les enceintes. Ce n’est pas donné à tous les modèles, surtout à ce prix.
Verdict
Il est réjouissant que Consonance propose un tel appareil, de haute tenue musicale et aussi abordable pour l’amateur passionné mais non fortuné. Le Cyber100 15th est un véritable pourvoyeur de plaisir, d’abord pour les yeux mais surtout pour les oreilles qui seront comblées par son image grandeur nature, sa ductilité et sa richesse harmonique. Délivrant 35 watts seulement, il tient pourtant superbement des enceintes données pour 87 dB, ce qui démontre sa bonne volonté. Pour tout dire, il nous a réellement aguichés et enthousiasmés, prouvant que cette technologie à tube obsolète est toujours aussi charmeuse et addictive, grâce à la recette du Chef chinois, mais pas hors de prix. Meilleur achat.
Fiche technique
Origine : Chine
Prix : 3 490 € (cherry) — Walnut & métal noir : 3 690 €
Dimensions (L × H × P) : 430 × 190 × 380 mm
Poids : 25 kg
Tubes : ECC83 × 1, 5687 × 2, 5AR4 × 2, KT88/6550 × 4
Réponse en fréquence : 6 Hz – 50 kHz
Rapport S/B : −90 dB
Impédance d’entrée : 100 kΩ
Contre-réaction globale : −6 dB
Sorties enceintes : 4 & 8 ohms
Entrées Ligne : × 5 (RCA)
Sortie Ligne : × 1 (RCA)
Préchauffage : 3 min
Titres écoutés
• Stabat Mater, Vivaldi — Philippe Pierlot
• Prince — Rainbow Children
• Eric Bibb — In the Real World
• Sinéad O’Connor — Nothing Compare 2 U
• Domenico Lancelloti — The Good is a Big God
• Nicholas Payton — Not Far from Gangsterhood
